Je m’appelle Domenico Sborgia et ce qui me fait avancer, c’est ma passion, mon amour pour la terre. Le labourage et les semailles sont comme les pièces d’un puzzle, ce n’est que si tu fais tout que tu arriveras à un résultat final qui te satisfera. Pour revenir travailler ici à la campagne, j’ai laissé un CDI dans un consortium agricole : c’était un coup de poker, mais je suis heureux de l’avoir fait. Je suis né ici, fils d’une tradition, et j’ai la chance d’avoir une femme qui me soutient en tout et pour tout.
Mes enfants ont fait d’autres choix : une expert-comptable, un athlète professionnel et la plus jeune qui voudrait ouvrir un agritourisme. Mais la campagne nous a aidés à les élever, nous les avons portés au milieu des champs dès l’enfance, ils ont compris notre travail. Qui grandit dans cet environnement, même s’il change de voie par la suite, doit se salir les mains au moins une fois.
Il faut faire des sacrifices, inutile de le nier : l’été sous le soleil, devoir suivre le rythme des champs et des saisons. Mais c’est ma vie, notre vie. Les premiers souvenirs que nous avons, moi comme ma femme, sont liés à ces lieux, aux familles patriarcales, aux grandes maisons et aux moments partagés. Trois générations qui vivaient ensemble… quinze ou vingt personnes, sans compter quelques invités comme il y en a toujours.
En ces temps-là, le travail était encore plus dur : on récoltait à la main avec la faucille, il fallait faire les meules à la main et faire attention à la pluie parce que si elles s’étaient mouillées le blé aurait germé. Le soir, on revenait chez nous morts de fatigue, mais on trouvait quand même le temps de s’asseoir dans la cour à bavarder avec les voisins, de véritables moments de convivialité. Le lendemain, on portait le repas à la campagne dans de grands paniers que les femmes portaient sur la tête alors que moi, petit garçon, je devais porter la bouteille de vin. Maintenant, tant de choses ont changé et je me souviens de cette époque avec nostalgie : quand j’étais petit, ils me laissaient seulement garder les moutons, ensuite j’ai commencé à utiliser le tracteur, puis le semoir… Et c’est devenu ma vie. Ce qui n’a pas changé, heureusement, c’est la solidarité et l’aide réciproque entre voisins. Nous sommes unis comme au temps des anciennes générations.
Je voudrais ajouter une dernière chose : personne ne nous a offert cette terre. Mes grands-parents sont allés en Amérique pelleter du charbon pour soutenir l’entreprise agricole dans les moments difficiles. Je ne l’oublie pas et je continue à améliorer la qualité de la production et je respecte la terre au nom de tous. Je m’arrête souvent dans l’espace ouvert des champs, là où le regard se perd. Et puis, comme au temps de nos grands-parents, je reviens à la maison pour manger une assiette de spaghetti sauce tomate. Strictement al dente, et faite avec la sauce que nous avons mise en conserves.