Ils vivent ici, dans la région de Foggia, mais ils sont depuis toujours citoyens du monde.
Elvira et Bernardino sont frères et sœur et, au cours des années quatre-vingt-dix, ils ont pris les rênes de l’entreprise familiale auparavant conduite par leur père et avant encore par leur grand-père.
Leur père adorait la chaleur. Au point qu’il rêvait d’acheter une exploitation au Vénézuela. Il était visionnaire, leur père. Il les a emmenés en France, en Amérique du Sud, aux États-Unis, toujours à la recherche de nouvelles stimulations et affaires. « Nous avons tellement changé d’endroit que nous ne nous sentons pas liés avec les lieux, mais avec les personnes ».
Leur père était un vrai agriculteur, de la vieille école mais capable d’innover même quand la tradition semblait la seule voie possible. « Même s’il ne parlait pas anglais, avant de mourir, notre père avait commencé à traduire un manuel sur les éoliennes à une époque où ici il n’y avait encore pas l’ombre d’une éolienne. Il voyait loin ».
Le frère et la sœur ont grandi ici et c’est ici qu’ils ont alors décidé de revenir pour continuer la tradition. Ils le font sur le terrain. « Nous n’abandonnons jamais notre blé. Vraiment jamais ! Nous le transportons nous-mêmes. Nous en contrôlons le poids au départ comme à l‘arrivée. Nous ne le confions qu’à des personnes en qui nous avons toute confiance. Ces personnes sont notre filière ».
Sur la qualité aussi, ils sont déterminés. « Nous aimons l’idée de faire un blé de qualité avec toute une série d‘attentions à ses propriétés organoleptiques. Nous vivons à une époque où l’on fait très attention à ce que l’on mange. Mon espoir, c’est que les gens lisent les étiquettes. Savoir que tu fais du bon travail avec un blé de bonne qualité te pousse à faire toujours mieux ».
Berardino a appris à conduire le tracteur à 5 ans. Elvira à 12 ans. Elle, elle a tout de suite fini contre un obstacle. « Mais si tu ne fais pas les choses, quel intérêt ? »
Ces terres évoquent en eux le souvenir du blé et des amandes étendues à sécher. Elvira aime en particulier le matin, lorsqu’elle a encore tout son temps devant elle.