Eugenio Ferrara sait où il se trouve, il connaît en profondeur la terre où le blé développe ses racines. À quelques centaines de mètres, on aperçoit la petite église de Santa Lucia. On dit que sous l’église se trouvent 700 mètres de grottes qui remontent à l’époque préromaine, un grand patrimoine historique. Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée en ces lointaines années, et elle a toujours été liée à l’élevage et à l’agriculture.
« Toutes ces maisons, autour de nous, étaient des fermes où le bétail en provenance des Abruzzes venait passer l’hiver ». Les barons de Montemiglio et de Varavalle possédaient ici des milliers d’hectares pour accueillir la transhumance de leurs troupeaux. Eugenio a lui aussi une histoire de famille liée aux Abruzzes et à l’élevage et, pour lui, cultiver le blé a été un geste d’amour envers cette terre. La solution à la fin des grandes propriétés terriennes et à la crise du secteur zootechnique.
« Le blé a toujours été la principale culture de la province de Foggia, cela a donc été un choix naturel. Nous faisons pousser un seul type de blé, qui a les meilleures caractéristiques et un excellent contenu protéique : il donne donc des pâtes de très bonne qualité. »
Eugenio a quitté ces lieux pour l’Émilie et il est revenu après sa licence en agronomie qui lui a fourni les bases techniques nécessaires à son évidente passion pour son travail actuel. Le blé est une culture simple par rapport à d’autres, mais cet homme est un perfectionniste à l’infini. « Nous ne faisons pas que labourer : d‘abord nous aérons la terre à 50 cm de profondeur et ensuite nous pulvérisons les mottes avec une herse à disques. C’est alors seulement que l‘on peut semer. » Bien entendu, on sème sur la jachère, un terrain qui a reposé, pour ne pas ressemer sur un terrain où l’on a déjà cultivé du blé l’année précédente afin de donner aux épis un humus plus riche et plus équilibré.
Les récits d’Eugenio sont un croisement entre le rationnel et l’instinctif. Il a l’esprit ouvert mais c’est aussi un passionné de l’histoire de ce terroir. C’est un visionnaire et un entrepreneur qui doit équilibrer le budget. Un esprit réservé et une réserve d’histoires et de valeurs, exactement comme le blé qu’il produit.